Il y a 80 ans, les Allemands chassaient les Italiens pour occuper Embrun
►Article paru dans LE DAUPHINÉ LIBÉRÉ du vendredi 8 septembre 2023 (Bernard Brabant)
Il y a 80 ans, les Allemands chassaient les Italiens pour occuper Embrun
Début septembre 1943, les Italiens changent de camp. Conséquence : dans la nuit du 8 au 9 septembre, les soldats italiens s’enfuient d’Embrun qu’ils occupaient, pour ne pas être faits à leur tour prisonniers par les Allemands. Le lendemain, les Allemands prennent possession de la ville.
La caserne Delaroche où logeaient les troupes italiennes et allemandes. Reconstitution dessin Bernard Brabant
“Acasa !” C’est le mot d’ordre chez les soldats italiens. La plupart sont contre la guerre et l’occupation. “La troupe est lasse de la guerre et aspire à rentrer dans ses foyers, quelle que soit l’issue de ce conflit qui tourne au désavantage de l’Italie”, note le colonel Béraud.
Les Allemands ont pénétré à Gap ce mercredi 8 septembre. À Embrun, c’est la débandade. Les Italiens ouvrent les portes de la caserne Lapeyrouse transformée en prison et libèrent les 229 prisonniers. Ils recommandent même aux Embrunais de brûler les archives et les dossiers concernant les prisonniers libérés, pour que les Allemands n’en reprennent pas la chasse.
Les transalpins abandonnent leur matériel. “Le Lieutenant Eymin, aidé par messieurs Chevallier (le père), Vidou et Désiré Manuel réussissent à pénétrer dans les casernes et le central téléphonique pour récupérer des fusils et des milliers de cartouches qui sont cachés dans le grenier de la maison Eymin route de Saint-André”, écrit l’historien local Jean Vandenhove.
Les soldats Alpini échangent leurs uniformes contre des habits civils. Ils sont parfois aidés par la population qui a plus de haine envers les Allemands.
►Les Hautes-Alpes ne sont plus dans la fausse paix italienne
Les uniformes vert-de-gris apparaissent à Embrun dès le lendemain. Environ 150 militaires de la Wehrmacht et une antenne de la Gestapo s’installent dans les casernes Delaroche et Surian.
Les Allemands demandent aux habitants de restituer le matériel laissé par les Italiens en fuite. Sans grand succès : les armes subtilisées serviront au maquis des Orres, dirigé par le lieutenant Eymin.
Couvre-feu, chasse à ceux qui refusent de partir pour le Service du travail obligatoire en Allemagne. Les Résistants sont traqués. Les Hautes- Alpes ne sont plus dans la fausse paix italienne. Les Juifs jusque-là épargnés par les Italiens sont recherchés. L’occupation allemande sera plus tragique même dans l’Embrunais avec notamment la rafle des maquisards du Boscodon en mai 1944.