Blog - Histoire
►Article paru dans LE DAUPHINÉ LIBÉRÉ du Dimanche 18 février 2024 (Bernard Brabant)
Les petits secrets de la place de la Mazelière d'Embrun
Elle s’est appelée place Saint-Martin, place des Comestibles puis de la Mazelière. Voici quelques petites histoires de cet endroit situé entre la rue Clovis-Hugues et la rue de la Liberté.
La place de la Mazelière au début du XX e siècle. Sur l’hôtel privé du marquis, on voit le dessus d’une tour carré. C’était une chapelle privée. Elle sera rasée après le legs de la demeure à la commune. (Archives départementales côte 39-00201)
Le premier nom connu de la place de la Mazelière fut place Saint-Martin, du nom d’une chapelle aujourd’hui disparue. Pour l’ancien historien Jean Vandenhove, elle était située dans le bâtiment qui abrite aujourd’hui la boucherie Ziga. Robert Blache, féru d’histoire, a une autre version : « Mon grand-père me disait que la place se trouve sur la chapelle qui a été rasée. Lors de travaux d’enfouissement de câbles, on aurait retrouvé des fondations. »
Sur cette place Saint-Martin est né Henri Arnaud, pasteur vaudois, héros de la Glorieuse rentrée. Une épopée menée au XVIIe siècle par des familles protestantes. De Genève, elles ont réussi à traverser les Alpes pour retourner dans leurs vallées en Italie, tout en étant pourchassées.
►Divers noms et différentes fonctions au fil du temps
On l’a ensuite appelée place des Comestibles, car elle accueillait le marché des légumes. Les paysannes les plus pauvres vendaient leur production en restant debout, pour ne pas payer l’emplacement.
On trouve sur la place une fontaine sur laquelle est gravé “à la mémoire des morts pour la défense de la patrie 1870-1871”. Elle a été érigée juste après la guerre. Dans l’hebdomadaire La Durance , Émile Guigues la mentionne, en novembre 1872 : “Nous qui savons que cette fontaine a été créée avec les fonds de la “souscription à la mitrailleuse” en 1870”. À cette époque, on pouvait se cotiser pour payer un canon mitrailleur à l’armée. Aucun nom n’est gravé sur ce monument. Jean Vandenhove a retrouvé le nom d’une victime de cette guerre : un certain Imbert de Chalvet.
►Avant la boucherie, la poste
Le 8 avril 1886, le conseil municipal décide de l’appeler place de la Mazelière, pour remercier le marquis André-Théodore Rous de la Mazelière qui a donné 24 000 francs afin de fonder une école dirigée par les Frères des écoles chrétiennes. Son fils, Antoine-Camille-Victor, est un érudit. Il a fait ses études au lycée Stanislas à Paris (celui qui s’est récemment trouvé au centre d’une polémique avec l’ex-ministre de l’Éducation nationale). À sa mort, en 1937, il lègue à la ville son hôtel particulier et 50 000 francs pour l’entretenir. Sa bibliothèque de 1 000 ouvrages est donnée aux Archives départementales. En 1939, la municipalité propose d’en faire un hôtel meublé. C’est la famille Martin qui répondra à l’offre.
De 1905 à 1956, la Poste se trouvait à l’emplacement de la boucherie actuelle. Durant la guerre, les Allemands ont installé une mitrailleuse sur le toit.
Personne n'a encore laissé de commentaire.
Soyez donc le premier !