Colloque Samedi 8 août 2020

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                    Le colloque


                      samedi 8 août 2020

Ce colloque se tient en présence de

Mgr Xavier Malle, évêque du diocèse de Gap et d'Embrun,
 S.E. le cardinal Jean-Pierre Ricard, archevêque émérite de Bordeaux
 Mgr Georges Colomb, évêque du diocèse de La Rochelle et Saintes.

Informations pratiques :

► En raison de la crise sanitaire, cet événement est ouvert uniquement sur réservation.
► Lieu : salle des Fêtes, boulevard Pasteur à Embrun.
► Parking : boulevard Pasteur et Cour de l’école Ernest Cézanne, entrée côté gare SNCF.
► Un buffet sera offert sur place samedi midi.
► Les consignes sanitaires seront respectées.

8 heures 45 :

Accueil

9 heures :

Ouverture du colloque par madame Chantal Eyméoud, vice-présidente du Conseil Régional,maire d’Embrun

ou Mme Jehanne Marrou, adjointe chargée de la culture

9 heures 15 :

Introduction par Bernard Busser, président de la journée

Bernard Busser a été inspecteur pédagogique des lettres et de l'histoire des arts dans l'académie d'Aix Marseille. Il a présidé l'association des Amis de Ceillac (Hautes Alpes) et y a organisé pendant dix ans les expositions d'été dans l'église Sainte Cécile.
Il intervient en littérature pour les propédeutes au grand séminaire d'Aix. Proche des Jésuites, il a modéré des colloques de Denis Vasse au centre Porte Haute de Mulhouse, présenté à La Baume d'Aix son étude sur "Inconnu à cette adresse" de Kressmann Taylor et collaboré avec Bernard Tourrette à l’École de Provence de Marseille.

9 heures 30 :

"L’aventure d’une vie, le père Pierre Jartoux, d’Embrun à la Chine"

► Pierre Jartoux, ingénieur Arts et Métiers

 Né à Embrun en 1669, pendant une période florissante du siècle de Louis XIV dans le domaine de l’art (Versailles est terminé), les sciences, la littérature, la musique, dans une ville d’Embrun célèbre même au-delà du Dauphiné grâce à son statut d’archevêché, son collège de jésuites réputé, dans une famille plutôt aisée, le jeune Pierre va bénéficier d’une enfance et d’une adolescence nourries de la culture ignatienne. Dès le collège il manifeste un goût pour les études scientifiques, ce qui le conduit en 1687 chez les jésuites d’Avignon. Ordonné prêtre en 1698, il est réputé pour ses connaissances scientifiques (mathématiques, astronomie, géographie) qui le qualifient pour faire partie de la mission en Chine en 1701 des savants français envoyés à Pékin par Louis XIV à la demande de l’empereur Kangxi.
 Son séjour de 19 ans en Chine est la période majeure de sa carrière. Il ne sera pas traité dans le cadre de cette intervention puisque deux autres conférences l’évoqueront au cours du colloque. On se contentera ici de préciser que le collationnement des travaux de cartographie fut confié à Pierre Jartoux, et que c’est lui qui les remit à l’empereur Kangxi en 1718.
Il meurt à Pékin le 30 novembre 1720. Il nous reste de lui trois lettres, dont une originale écrite de sa main et deux autres regroupées dans la collection des Lettres Édifiantes et curieuses dont celle où il décrit la plante du Ginseng qui a permis de conserver son nom et que l’on retrouve dans les publicités d’herboristeries. Sa stèle funéraire sur laquelle est gravée une courte biographie en latin et en chinois a échappé aux secousses révolutionnaires de 1900 (Boxers) et 1966 (gardes rouges). Elle est conservée au cimetière des missionnaires de Zhalan à Pékin avec celles de 62 autres jésuites missionnaires.

 Le conférencier Pierre Jartoux est natif de Savines (l’ancien) en 1937. L’édification du barrage de Serre-Ponçon va orienter ses études, son métier et sa vie. Devenu ingénieur des Arts et Métiers en 1961, il a vécu la disparition de son village et a suivi tous les travaux de rétablissement des voies de communication immergées. C’est au contact de ces travaux et de leurs exécutants qu’il a attrapé le virus des Travaux Publics qui a conditionné toute sa vie professionnelle. Vivant en région parisienne, « l’émigré haut-alpin » n’a jamais complètement « coupé le cordon » avec le pays natal. Revenu, à sa retraite, sur les lieux de l’ancien village lors des basses eaux du lac pendant les opérations d’en- tretien du barrage, il redécouvre les pierres de la démolition, la rue principale, la mairie, les écoles, les marches devant l’église et les restes de la maison familiale, dans laquelle au moins sept généra- tions de Jartoux ont vécu, paysans et surtout boulangers. Ce fut le premier choc avec ses racines. Jusqu’alors le barrage n’était qu’une magnifique réussite technique permettant de régulariser le cours d’une Durance dont enfant, il avait connu les crues dévastatrices. C’est de ce choc qu’est né le besoin de mieux connaitre ses ancêtres ; les recherches lui ont fait découvrir son homonyme, le jésuite Pierre Jartoux, dont il va retracer la vie lors de ce colloque.

10 heures 15

"Les pères jésuites haut-alpins dans l'histoire du diocèse de Gap"
par le Père Pierre Fournier, prêtre du diocèse de Gap, historiographe diocésain

 Un nombre significatif de jeunes de l'ancien diocèse d'Embrun sont entrés chez les pères jésuites et ont ainsi vécu pleinement leur vocation de savants (mathématiques par exemple) et de témoins d'Évangile en diverses cultures. Quelle a été cette attirance vers les jésuites ? Le collège des jésuites à Embrun a certainement été un haut-lieu de vocation. Certains sont restés en Europe : Vincent Léotaud, Jean-Joseph Rossignol… d'autres sont allés en Chine : Pierre Jartoux d'Embrun, Valentin Chalier de Briançon, Jean-Matthieu Tournu de Ventavon… Comment ces jeunes Alpins ont-ils accompli leur mission, à la fois religieuse et scientifique, en France, ou en Chine quand l'empereur demandait au roi Louis XIV de lui envoyer des savants ? Comment cette dynamique de vocation de religieux pour la mission ici ou là-bas est-elle un précieux patrimoine d'ouverture humaine et spirituelle pour aujourd'hui ?

 Le père Pierre Fournier est prêtre du diocèse de Gap. Il a été aumônier de jeunes, curé en paroisse, professeur au grand séminaire interdiocésain d'Avignon. Il contribue à mieux faire connaître l'histoire du diocèse de Gap et Embrun, notamment en publiant Le Diocèse de Gap : un regard sur le passé, vers l'avenir (1997) et a coordonné la rédaction du livre Le Diocèse de Gap et d'Embrun, hier et aujourd'hui (Strasbourg : Le Signe, 2015). En outre, il écrit régulièrement pour plusieurs revues dont Prêtres diocésains et pour le blog mediatheque-diocesedegap.com. Il a, enfin, publié chez Nouvelle Cité, Sur les pas de l’apôtre saint Jacques : en chemin vers Compostelle (2010).

11 heures 15

"Jean-Joseph Rossignol (1726-1815) : de La Vallouise au monde, un itinéraire jésuite"

► Luc-André Biarnais, archiviste au diocèse de Gap

 Né en Vallouise en 1726, élève au collège jésuite d’Embrun, le père Jean-Joseph Rossignol enseigne à Marseille, voyage en Pologne-Lituanie et séjourne à Milan. Après la suppression de la Compagnie de Jésus en 1773, il revient à Embrun où il est sous-principal du collège. C’est alors qu’il entame une œuvre littéraire mêlant travaux pédagogiques, essais de théologie, récits de voyage et miscellanées. Ces publications se poursuivront après son exil en Piémont dû à la Révolution française : elles permettent de découvrir la personnalité de l’auteur autant que les sujets traités.

 Né en 1970 à Nantes, Luc-André Biarnais est Archiviste du diocèse de Gap et d’Embrun depuis 2005. Il a coordonné un colloque en 2011 : « Les évêques de France au XXe siècle : questions pastorales et culturelles ». Il est également l’auteur de la contribution « Embrun, Notre-Dame du Réal » dans Cathédrales de Provence (collection « La Grâce d’une cathédrale », La Nuée Bleue, 2015), de« Images et représentations raciales de l'administration : la délivrance des passeports à Nantes et à La Rochelle durant la Révolution française » dans Les Lumières, l'esclavage et l'idéologie coloniale, XVIIIe – XXe siècles (sous la direction de Pascale Pellerin, Classiques Garnier, 2020). Enfin, il a publié dans le Bulletin de la Société d’Études des Hautes-Alpes de 2016 « Rossignol de Vallouise ou la recherche de l’universel »

12 heures 15 :

Table ronde, échanges avec le public

12 heures 30 :

Buffet offert, sur place

14 heures 15 :

Messe du samedi en la cathédrale Notre-Dame du Réal 

Pour ceux qui le souhaitent. Prédication par S.E. le cardinal Jean-Pierre Ricard. Celui-ci a été archevêque de Bordeaux de 2001 à 2019. Auparavant, il a été évêque auxiliaire à Grenoble (1993- 1996) et à Montpellier (1996-2001). Il est créé cardinal par le pape Benoît XVI en 2006.    OU :

Visite guidée de la ville et de la Tour Brune 

Gratuit. Inscrivez- vous auprès de la paroisse d’Embrun - Tél. : 04 92 43 00 54 - Courriel : paroisse.embrun@orange.fr

15 heures 30

"Le parcours du père Jartoux en Chine "

► Isabelle Landry Centre d'études sur la Chine moderne et contemporaine et École des Hautes Études en Sciences Sociales

 Le père Pierre Jartoux (1669-1720), de son nom chinois Du Demei 杜德美, est l’un des huit cent-cinquante missionnaires jésuites, dont cent cinquante-six Français, qui exercèrent leur apostolat entre 1583 et 1813 au sein de la mission de Chine fondée par l’Italien Matteo Ricci (1552-1610), au temps de « l’ancienne Compagnie de Jésus ». Embarqué à Port-Louis (Lorient) à bord de L’Amphitrite avec huit recrues du père Jean de Fontaney (1643-1710) pour aller étoffer les rangs de la mission jésuite française, il quitta définitivement la France du Roi-Soleil le 7 mars 1701. Le père Jartoux a connu l’ère Kangxi (1662-1723) du deuxième empereur de la dynastie mandchoue des Qing (1644- 1911) qui a stabilisé son pouvoir et amorcé son âge d’or du XVIIIe siècle. Si nous ne conservons que trois lettres du père Jartoux, son parcours en Chine peut être reconstitué à partir de diverses sources manuscrites et imprimées de l’époque, françaises et chinoises. Son nom est attaché à l’œuvre majeure que fut la cartographie du pays sur l’ordre de l’empereur. Il a participé à la carte de la grande muraille en 1708, celle de la Tartarie orientale (Mandchourie) en 1709, et celle de la région de Pékin en 1710. En dehors de ces périodes, le père Jartoux a essentiellement vécu à Pékin, dans la résidence française connue sous le nom d’église du nord (Beitang) consacrée le 9 décembre 1703, sur laquelle il a laissé un texte publié dans les Lettres édifiantes et curieuses. Décrit par le père de Fontaney comme « très-habile dans la science des analyses, l’algèbre, les mécaniques, et la théorie des horloges », ses talents étaient appréciés à la cour où il se rendait à la maison impériale de la Cité interdite.

Isabelle Landry-Deron est spécialiste des missions catholiques en Chine de l’ère moderne et membre du Centre d’études sur la Chine moderne et contemporaine de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (Paris). Elle est l’auteur de nombreux livres, contributions et articles, en français, anglais et chinois. Parmi ceux-ci : La Preuve par la Chine. La « Description » de J. B. Du Halde, jésuite, 1735 (Paris : Éditions des Hautes Études en Sciences Sociales, 2002) et, comme éditeur : La Chine des Ming et de Matteo Ricci (1552-1610). Le premier dialogue des savoirs avec l’Europe (Paris : Le Cerf/Institut Ricci, 2013). Elle prépare avec Jean-Marie de Bourgoing et Pierre-Antoine Fabre une édition critique pour la « Bibliothèque de l’Institut des Hautes Études Chinoises du Collège de France » des lettres de Chine du père Jean-François Foucquet à sa famille.

16 heures 15

"Le rôle des collèges jésuites dans l'élan missionnaire de la France au XVIIe siècle "

 ► Françoise Fauconnet-Buzelin, chargée de recherches aux Missions Étrangères de Paris.

 À partir de 1632, les Relations, recueils de lettres des missionnaires jésuites, sont largement diffusées dans les collèges de la Compagnie où, jouant sur le registre émotionnel et héroïque, elles vont susciter chez les élèves de nombreuses vocations. En France, après l’engouement suscité par les missions de Nouvelle France (Canada), l’intérêt des étudiants se porte vers l’Asie avec la venue à Paris du célèbre jésuite avignonnais Alexandre de Rhodes (1591-1660), missionnaire au Vietnam, revenu en Europe pour demander la création d’un clergé autochtone dans les jeunes chrétientés asiatiques décimées par les persécutions. Cet intérêt pour l’Extrême-Orient se concrétisera dans les dernières années du XVIIe siècle par l’envoi, sous l’impulsion de Louis XIV, de jésuites français en Chine, mais aussi par la création en 1658 par la Congrégation de la Propagande du premier institut missionnaire français réservé aux prêtres séculiers, les Missions Étrangères de Paris, qui formera au cours des siècles suivants une part déterminante du clergé asiatique.

Docteur en histoire de l’art, conservateur du patrimoine, Françoise Fauconnet-Buzelin est chargée de recherches aux Missions Étrangères de Paris depuis 1996. Elle a publié plusieurs livres sur l’histoire des missions d’Asie du XVIIe au XXe siècle, dont une biographie de saint Jacques Chastan (1803-1839), missionnaire martyr en Corée, ancien élève du petit séminaire d’Embrun sous l’épiscopat de Mgr de Miollis. Elle est installée avec sa famille à Ribiers depuis 1990.

17 heures

Pause

 17 heures 30

"Un mathématicien en Chine au XVIIe siècle "

 ► Anne Tarpent, professeur de mathématiques en retraite. Auteur de recherches historiques en musique et en sciences

 Dès la fin du XVIe siècle, la Compagnie de Jésus organise l'envoi de missionnaires de par le monde, et ce jusqu'en Chine. Religieux diplomates et savants, ces jésuites venus d'Europe surent se faire apprécier et estimer des plus hautes autorités de l'empire du Milieu pendant plus d'un siècle. Mathématiciens, astronomes, cartographes, ils contribuèrent durablement à la diffusion et au rayonnement des sciences occidentales. Leur mémoire reste vivace dans la Chine d'aujourd'hui ; elle est entre autres matérialisée par les 63 stèles conservées dans le cimetière de Zhalan à Pékin.

 Née le 1er avril 1943, Anne Tarpent a suivi des études supérieures à la faculté des sciences Paris- Jussieu, en mathématiques et en astronomie. Après avoir obtenu le CAPES de mathématiques, elle enseigne dans le secondaire de 1965 à 2003. Depuis 1992, elle est haut-alpine en résidant à Saint- Martin de Queyrières. En octobre 2019, elle a donné à Gap une conférence avec Marie-Claude Paskoff, consacrée à Vincent Léotaud (1595-1672), un savant briançonnais né à Vallouise. Le texte de cette conférence est publié dans le Bulletin de la Société d’Études des Hautes-Alpes (2019) sous le titre « Un savant briançonnais au XVIIe siècle, Vincent Léotaud ».

18 heures 15 :

"Construire des ponts dans un monde divisé : les jésuites en Chine, nos contemporains  

► Wu Huiyi, historienne à Cambridge et au Centre d’étude Chine moderne EHESS Paris

 « Un pont entre deux civilisations, l’Europe et la Chine » : telle est la métaphore utilisée en 1982 par le pape Jean-Paul II à l’égard de la mission jésuite en Chine qui fêtait alors le 400e anniversaire de sa fondation. Plus récemment, le même appel à « construire des ponts et à abattre les murs » est lancé par le pape François à l’occasion de la remise du prix pour l’unification européenne, nous rappelant cette fois-ci que les divisions et les barrières existent non seulement entre les civilisations lointaines, mais aussi au sein de chaque société. Les jésuites de la génération du père Jartoux faisaient aussi face à un monde où se superposaient les divisions de divers ordres. Lors du départ des premiers jésuites français en Chine en 1685, Louis XIV venait d’expulser les huguenots de son royaume et l’empereur Kangxi n’a que récemment unifié l’empire contre les rebelles qui se réclamaient de l’ancienne dynastie des Ming. Durant leur carrière, les missionnaires ont été confrontés à des crises d’échelle globale, telle la fameuse querelle des rites chinois, comme aux débats d’idées locaux au sein de l’Europe et de la Chine. Leur expérience en tant que constructeurs de ponts il y a trois siècles peut-elle alors nous apprendre quelques-chose dans le contexte d’aujourd’hui, où nos sociétés, en Europe comme en Chine, se trouvent plus que jamais divisées face à une crise mondiale ? Cette intervention va mobiliser des recherches historiques comme des observations personnelles pour tenter une réponse à cette question.

 Wu Huiyi est chercheure au Needham Research Institute (Cambridge, Royaume Uni) et chercheure associée au Centre d’études sur la Chine moderne et contemporaine (EHESS, Paris). Traductrice de formation, elle a soutenu en 2013 sa thèse d’histoire sous co-tutelle de l’Istituto italiano di Scienze Umane (Florence) et de l’Université Paris Diderot, intitulée Traduire la Chine au XVIIIe siècle : les jésuites traducteurs de textes chinois et le renouveau des savoirs européens sur la Chine (1687-ca. 1740), qui a été publié aux Éditions Honoré Champion en 2017. Ses recherches portent sur la circulation de savoirs entre la Chine et l'Europe entre les XVIIe et XVIIIe siècles.

19 heures :

Table ronde, échanges avec le public

19 heure 30 :

Conclusion du colloque

[Source : Diocèse de Gap et d'Embrun]


► Les partenaires du Jubilé Pierre Jartoux (300 ans) :

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Date de création : 18/06/2020 13:03
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